Bernard Tiphaine, la voix française de Chuck Norris : la sagesse du Texas

La voix française de Chuck Norris est morte. Ici dans "Walker, Texas Ranger" ©Getty - CBS Photo Archive
La voix française de Chuck Norris est morte. Ici dans "Walker, Texas Ranger" ©Getty - CBS Photo Archive
La voix française de Chuck Norris est morte. Ici dans "Walker, Texas Ranger" ©Getty - CBS Photo Archive
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L'acteur français qui doublait Chuck Norris est mort hier. Sa voix est restée dans l’oreille des téléspectateurs de TF1 dans les années 1990.

Parce qu’au XXème siècle, les chaînes privées considéraient le dimanche comme le repos du guerrier. Traduisez : le jour où les hommes sont devant la télé. 

Le dimanche matin, ces messieurs sillonnaient entre « Téléfoot » sur Tf1 et « Turbo » sur M6. Puis, poulet-frites en famille devant le 13H de Claire Chazal et, au café, les gosses rappliquaient pour regarder « Walker Texas Ranger ».  Une série siglée CBS aux Etats-Unis. Les trépidations d’un flic texan, mâchoire carrée, nuque chevelue, Stetson blanc vissé sur le front, chemise de cow-boy rentrée dans le pantalon. Le sergent Cordell Walker roule en pick-up, dégaine son flingue plus vite que son ombre et casse la gueule à tout ce qui bouge.  

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Chuck Norris était-il pour autant affublé d’une voix de doublage façon tracteur ? 

Je veux dire une voix chargée de testostérone jusqu’à la caricature, comme les doublures de Sylvester Stallone ou Bruce Willis ? Pas exactement. 

Sa voix française s’avérait un peu plus pâle, plus imperméable à toute provocation. 

Même si toutes les scènes étaient mal jouées (et aussi mal éclairées et mal filmées, mais, que voulez-vous, à l’époque, il n’y avait rien d’autre à regarder), Chuck Norris campait un personnage plus complexe que la grosse brute conservatrice.

Dans ce Texas où tout était une affaire d’hommes blancs, de bétail, de bidoche et de grands fermiers, le sergent Walker se révélait métisse, mi-Irlandais, mi-Cherokee, formé aux techniques des Marines mais aussi aux arts martiaux. 

D’où cette seconde de silence avant chaque réplique. D’où ce ton imperméable à toute provocation. D’où cette virilité texane, mâtinée d’une pointe de sagesse. D’où la voix du comédien Bernard Tiphaine, qu’entre deux bagarres, d’aucuns reconnaîtraient entre mille. Il savait descendre dans les graves, faire avec ses bouches des bruits de baston avec sa bouche. Il savait, surtout, garder son sérieux.

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