200 photographes pour documenter la France en crise

Photographes de presse ©Getty - Dimitri Otis
Photographes de presse ©Getty - Dimitri Otis
Photographes de presse ©Getty - Dimitri Otis
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Le ministère de la Culture débloque 5 millions et demi d’euros pour soutenir la photo de presse.

Et ce plan de soutien prend la forme d’une « Grande Commande », historique et haletante. Imaginez 200 photoreporters envoyés dans toute la France, Outre-mer compris, pour documenter notre pays, traversé par la crise. Parmi eux, de très grands noms du photojournalisme français, mais aussi de toutes jeunes pousses. Parmi eux, des baroudeurs qui ont sillonné la Syrie, le Tchad, l’Afghanistan et qui là, vont scruter nos chemins de terre, nos banlieues et nos bords de mer. Parmi eux, des photographes qui disent l’intimité des corps, d’autres l’immensité des paysages. Les révoltés, les chasseurs, les ouvriers, les marins-pêcheurs, les mourants, les rêveurs, les migrants, les break-danseurs, les enfants d’Algériens, les gens qui sortent de chez le coiffeur, les frontaliers, les petits-fils de mineurs, les chiens errants. Des foules et des solitudes.

A qui, à quoi ressemble la France de 2022 ? 

Chaque photographe sélectionné dispose de 7 mois et de 22 000 euros pour s’en aller chercher son histoire en image. Les cent premiers viennent d’être choisis. Cent autres seront désignés au mois d’avril**. A la fin, un grand livre, des expositions dans tout le pays et des photos conservées par la Bibliothèque National de France** qui pilote ce projet d’une ampleur exceptionnelle.

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Il y a eu un précédent resté célèbre, la commande publique de la Datar en 1984. « Photographier la France » se faisait alors sous l’égide de l’aménagement du territoire. Au total, 1200 clichés dont les photos de Raymond Depardon, Robert Doisneau ou Joseph Koudelka. 

Un peu d’Histoire

La première commande photographique d’État date du XIXe siècle, en 1851. Elle était baptisée « mission héliographique ». Il s’agissait d’inventorier, en image, le patrimoine français. Malraux s’en est inspiré et a réitéré un siècle après, puis vint Mitterrand avec le fameux projet de la Datar. 

Un autre homme d’État s’est servi de la photographie pour tirer le portrait de son propre pays. Le président Roosevelt, aux États-Unis, après la crise de 29. Le gouvernement finança les travaux de Walker Evans, de Dorothea Lange et autres : mondialement connues, leurs clichés en noir et blanc, cette Amérique rurale balafrée par la pauvreté, sont aujourd’hui des classiques de la photo, mieux, des marqueurs de la mémoire collective.

200 photographes s’en vont en France. Qui sait ce qu’ils rapporteront ? Nul ne peut prédire le destin d’une image. 

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