Le syndrome de congestion pelvienne, à ne pas confondre avec l'endométriose

Au moins 3% des femmes seraient atteintes du syndrome de congestion pelvienne ©Getty
Au moins 3% des femmes seraient atteintes du syndrome de congestion pelvienne ©Getty
Au moins 3% des femmes seraient atteintes du syndrome de congestion pelvienne ©Getty
Publicité

Ce n'est pas de l'endométriose mais les symptômes peuvent y faire penser. Le syndrome de congestion pelvienne est pourtant tout autre chose, il est dû à des varices, dans l'utérus notamment. Mais les gynécologues n'y pensent pas assez.

Le syndrome est connu mais les gynécologues, semble-t-il, n'y pensent pas assez. C'est en tout cas le constat que fait Quentin Sénéchal, radiologue interventionnel au Centre cardiologique du Nord, à Saint-Denis. Il milite d'ailleurs activement pour que ce syndrome devienne plus familier des femmes et du milieu gynécologique. Il est en cela aidé aussi par une association, congestionpelviennefrance, qui a été créée récemment pour sensibiliser au sujet. Ses fondatrices veulent diffuser l'information pour éviter à d'autres l'errance diagnostique très longue qu'elles ont connu. L'errance moyenne serait en effet de huit ans. 

"Les plaintes des patientes s'adressent à leur gynécologue, mais ce sont les angiologues et les radiologues interventionnels qui gèrent ces problèmes de varices, d'où parfois une difficulté de communication entre les deux. Les gynécologues n'y pensent pas assez souvent, c'est à nous de communiquer, donc, pour mieux faire connaître la pathologie".

Publicité

Un syndrome pourtant décrit depuis longtemps

Le syndrome de congestion pelvienne a pourtant été décrit par un gynécologue new-yorkais dès 1945. Les femmes se plaignent de douleurs pelviennes intenses, très handicapantes, et qui peuvent être un peu soulagées si elles s'allongent. On estime que cette congestion pelvienne constitue 30% des douleurs pelviennes chroniques. Des douleurs qui peuvent être multiples selon leur localisation, explique Quentin Sénéchal. Tout cela est dû a des varices dans l'utérus mais aussi au niveau des ovaires ou de la vessie : "C'est le phénomène inflammatoire de ces varices, gonflées de sang, qui entraine les douleurs. Si les varices sont autour des ovaires, ça va donner des douleurs plutôt en période menstruelle, quand elles sont autour de la paroi vaginale, ça donne des douleurs pendant les rapports sexuels, quand c'est autour de la vessie, ça donne des pseudos cystites, autour du rectum, ce sera plutôt des hémorroïdes et des douleurs d'ordre digestif". Les femmes n'ont parfois qu'un symptômes, ou parfois tous les symptômes. Associées à cela, on trouve souvent des varices dans les membres inférieurs. Des varices vulvaires, fessières, ou en racine interne de cuisse. Ces varices là sont d'origine pelvienne, si on les traite sans soigner d'abord le pelvis, elles récidiveront.

La pathologie se voit très bien à l'imagerie

En fait, dans cette pathologie, le flux veineux est inversé, au lieu de remonter vers le coeur, le sang descend vers le pelvis et s'accumule dans les veines qui deviennent tortueuses. Les varices gonflées par ce reflux sont dilatées. La pathologie se voit très bien a l'échographie et à l'IRM, elle gagne a être connue et diagnostiquée car elle se soigne: "On embolise la veine avec une colle pour éviter que le sang passe par là, et du coup, le flux veineux retrouve son cours normal. 95% des patientes soignées par embolisation déclarent avoir une nette amélioration de leur qualité de vie et plus de la moitié voient disparaitre les douleurs les plus handicapantes. On réduit par exemple 70% des douleurs pendant les rapports, et 60% des douleurs pendant les règles". À noter que la maladie, comme son traitement, n'empêchent pas les grossesses.

Moins douloureuses, et plus facilement diagnostiquées, car elles se voient beaucoup plus facilement, ces varices, on les trouve aussi chez l'homme autour des testicules, on appelle ça la varicocèle, parfois associée à une hypofertilité, et ça se traite de la même façon. Médecine de genre ? On a mis plus de temps à identifier le problème chez la femme... "mais ça évolue, "on commence à mieux l'enseigner et c'est tant mieux", conclue Quentin Sénéchal.

L'équipe

pixel