Fabrication de tests Covid : "On est arrivés à un point de saturation"

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Fabrication de tests Covid : "On est arrivés à un point de saturation"

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Joseph Coulloc'h, pharmacien biologiste et fondateur de l'entreprise AAZ qui fabrique des tests pour détecter le Covid-19.
Joseph Coulloc'h, pharmacien biologiste et fondateur de l'entreprise AAZ qui fabrique des tests pour détecter le Covid-19.
© Radio France - Kathleen Comte

L'entreprise AAZ fabrique des tests antigéniques et des autotests. Depuis décembre, le rythme s'est accéléré. Pour répondre à la demande, il a fallu s'adapter : plus de salariés, plus de sites, plus de produits... Mais le fondateur de la société s'inquiète et demande une garantie de l'État.

Depuis le mois de décembre, avec le variant Omicron qui se répand comme une trainée de poudre, les fêtes et les règles sanitaires changeantes notamment dans les écoles, la demande en tests antigéniques et en autotests s'est tellement accélérée que les fabricants ont dû accélérer la cadence. C'est le cas de l'entreprise AAZ. Basée en Ile-de-France, la société - qui prévoit de produire 12 millions de tests sur le mois de janvier contre 30 millions sur toute l'année dernière - a dû s'adapter. 

Pour emballer ses produits, AAZ n'avait besoin jusque-là que d'un seul site, celui de Villiers-le-Bel (Val-d'Oise). Désormais, il en faut 12. Des sites gérés par l'entreprise Tech'Air qui n'emploie que des travailleurs en situation de handicap au sein de différents Établissement et service d'aide par le travail. Un choix fait par AAZ pour permettre à ces personnes - souvent en recherche d'emplois - de travailler. 

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Ce sont donc désormais 450 employés en situation de handicap qui se chargent d'emballer les produits de l'entreprise, auxquels s'ajoutent des équipes externes qui prennent le relais le soir jusqu'à 23 heures. 

"Plus, on risquerait l'accident industriel"

Pour Joseph Coulloc'h, pharmacien biologiste et fondateur de AAZ, l'entreprise est à flux tendu. Elle a même du mal à respecter ses délais de livraison : "D'habitude, on livre les commandes au jour le jour et là, en ce moment, on a une cinquantaine de commandes en retard. C'est très tendu. On demande des efforts à toute la filière mais on est arrivés à un point de saturation. Plus, on risquerait l'accident industriel."

Dans cette grande salle, une trentaine de travailleurs handicapés emballent les tests qui seront distribués aux pharmacies.
Dans cette grande salle, une trentaine de travailleurs handicapés emballent les tests qui seront distribués aux pharmacies.
© Radio France - Kathleen Comte

Sur le site de Villiers-le-Bel, la trentaine de travailleurs répartis sur trois lignes de production différentes et encadrés par plusieurs superviseurs emballent exclusivement des produits AAZ. Environ 3.000 boîtes par jour contre 1.500 il y a quelques semaines. Plusieurs salles du sites sont réservées à cette activité en fonction des produits. 

Une partie des produits commandés à d'autres fournisseurs

Justement, concernant les produits, AAZ fabrique elle-même une partie de ses tests comme les cassettes (sur lesquelles il faut placer quelques gouttes de diluant avant d'obtenir le résultat de son test) et commandes les autres parties à différents clients français ou étrangers. C'est le cas par exemples des écouvillons ou des micropipettes. 

Parmi ses produits : des tests antigéniques qui seront réalisés par des professionnels de santé, des tests sérologiques, des autotests pour adultes et depuis peu pour enfants. En revanche, l'entreprise ne fabrique pas de tests PCR, réalisés en laboratoires. L'entreprise a fait le choix de réserver l'ensemble de sa production au marché français et exclusivement aux pharmacies.

Les différents tests fabriqués par AAZ et proposés aux pharmacies.
Les différents tests fabriqués par AAZ et proposés aux pharmacies.
© Radio France - Kathleen Comte

Des efforts que Joseph Coulloc'h consent à fournir mais il réclame toutefois une aide de l'État : "Je demande au gouvernement - si jamais l'épidémie s'arrête - de bien vouloir nous racheter les stocks qu'on aura produits au prix coûtant. On veut bien faire beaucoup d'efforts mais il y a des réalités économiques qui ne peuvent pas être écartées." Pour l'heure, Joseph Coulloc'h doit passer ses commandes pour les prochains mois mais dans un contexte très instable et évolutif, il a conscience de naviguer à vue.  

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