Jean-Louis Trintignant est mort à l'âge de 91 ans

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Jean-Louis Trintignant est mort à l'âge de 91 ans

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Jean-Louis Trintignant, dans Le Conformiste de Bernardo Bertolucci
Jean-Louis Trintignant, dans Le Conformiste de Bernardo Bertolucci
- Mars Film/Marianne Productions

Acteur, conteur, coureur automobile, producteur de vin... l'homme était multiple. Jean-Louis Trintignant a marqué de son empreinte la pellicule et la scène en plus de 60 ans de carrière et quelques 130 films. Il est mort à l'âge de 91 ans.

Figure incontournable du cinéma et du théâtre français, Jean-Louis Trintignant est décédé vendredi à 91 ans, a annoncé à l'AFP son épouse Mariane Hoepfner Trintignant dans un communiqué.

Si "Et Dieu... créa la femme" reste immanquablement lié à l'explosion de la bombe Bardot, il ne faut pas oublier que ce film a également révélé Jean-Louis Trintignant dans le rôle du mari fou amoureux de la blonde Brigitte.

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En cette année 1956, le jeune comédien débute devant une caméra en tournant quatre films. Ses armes, il les a faites au théâtre en suivant les cours de Charles Dullin et de Tania Balachova à Paris, puis en intégrant la comédie de Saint-Etienne de Jean Dasté. Il n'abandonnera jamais tout à fait les planches (il est monté sur scène pour la première fois en 1951) et y reviendra périodiquement particulièrement ces dernières années, seul en scène, pour des spectacles consacrés à la poésie.

Le 7h43
1 min

Chabada bada...

Dix ans après Vadim, c'est Claude Lelouch qui lui offre à nouveau la gloire internationale avec "Un homme et une femme" récompensé en France par la Palme d'or au Festival de Cannes et aux États-Unis par les Oscars du meilleur film étranger et du meilleur scénario original.

Durant ces deux décennies (1960/1970) Jean-Louis Trintignant enchaîne les films. Il se partage entre le cinéma d'auteur (sous la direction de Robbe-Grillet, Rohmer, Deville) et les films grand public (avec Lelouch, Boisset, Granier-Deferre ou Gérard Pirès). Il joue également dans des films politiquement engagés contre le fascisme et la dictature comme "Z" de Costa-Gavras. Rôle pour lequel il reçoit le prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes de 1969.

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Il travaille en France et en Italie, où il est aussi devenu une grande vedette. C'est là qu'il tourne en 1970 ce qu'il considère comme "son plus beau rôle", celui de Marcello Clerici dans "Le Conformiste", un film de Bernardo Bertolucci adapté du roman de Alberto Moravia.

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Deux ans plus tard, Bertolucci lui propose le rôle principal du film "Le Dernier Tango à Paris", qu'il refuse et qui sera finalement interprété par Marlon Brando. En 1973 il s'essaye à la mise en scène (Il avait suivit des cours de réalisation à l'IDHEC au milieu des années 50). "Une journée bien remplie" ne trouvera pas son public... Pas plus que son second film, "Le Maître-nageur" en 1978.

Tout cela ne l’empêche pas de se consacrer à son autre passion, la course automobile qu'il pratique un temps comme pilote professionnel.

Jean-Louis Trintignant dans le film "Trans-Europ-Express" d'Alain Robbe-Grillet, en 1966.
Jean-Louis Trintignant dans le film "Trans-Europ-Express" d'Alain Robbe-Grillet, en 1966.
© AFP - Andre Soupart
Le grand entretien
51 min

Au milieu des années 80 il prend ses distances avec le cinéma, se disant "lassé" et aspirant à une vie "en harmonie avec la nature". Il s'installe dans sa maison d'Uzès et ne tourne plus qu'occasionnellement, essentiellement dans des seconds rôles : "La femme de ma vie" de Régis Wargnier, "Merci la vie" de Bertrand Blier (1991), "Trois couleurs : Rouge" de Krzysztof Kieślowski (1994), "Regarde les hommes tomber" (1994) et "Un héros très discret" (1996), les deux premiers films de Jacques Audiard.

Jean-Louis Trintignant à Cannes le 22 mai 2017.
Jean-Louis Trintignant à Cannes le 22 mai 2017.
© AFP - Loïc Venance

Il disparaît peu à peu des écrans, privilégiant le théâtre et de nouvelles activités, comme la production de vin. En 1998, il fait une exception en acceptant de tourner avec Patrice Chéreau dans "Ceux qui m'aiment prendront le train". Après 10 ans d'absence au cinéma, il accepte en 2012 de tourner, au côté d'Emmanuelle Riva, dans "Amour" de Michael Haneke. Le film obtient par la Palme d'or au 65e Festival de Cannes, le César du meilleur film et l'Oscar du meilleur film étranger. Et Jean-Louis Trintignant le premier César de sa carrière après cinq nominations !

Il revient une dernière fois au cinéma pour Lelouch et Anouk Aimée, pour le troisième opus de "Un homme et une femme" : "Les Plus Belles Années d'une vie".

Le grand entretien
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Jean-Louis Trintignant en 1980 avec Catherine Deneuve, dans "Je vous aime" de Claude Berri.
Jean-Louis Trintignant en 1980 avec Catherine Deneuve, dans "Je vous aime" de Claude Berri.
© AFP - Bernard Prim / Collection ChristopheL

Il était une voix

On évoque souvent la voix si particulière de Jean-Louis Trintignant. Dans "Les plus belles années d'une vie", Claude Lelouch a particulièrement travaillé sur la voix du comédien : "Quand j'écoute la voix de Jean-Louis Trintignant aujourd'hui, c'est la plus belle voix du monde. C'est un Stradivarius. J'ai construit le film sur sa voix. J'avais envie que sa voix soit la vraie musique du film."

Une voix utilisée à plusieurs reprises en voix off. C'est ainsi que Jean-louis Trintignant est le narrateur du "Livre de la jungle" dans la version discographique sortie en 1966 ou du documentaire de Richard Dindo consacré à Ernesto Guevarra en 1994. L'acteur est également la voix de Jack Nicholson dans la version française de "Shining" de Stanley Kubrick (1980).

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La mort de sa fille Marie, un choc

Le comédien avoue ne jamais s'être relevé de la mort brutale de sa fille Marie. "Je suis mort il y a quinze ans, avec elle" raconte-il. Père et fille entretenaient un rapport fusionnel. Ils se sont retrouvés plusieurs fois, à l'écran, notamment dans "La terrasse" d'Ettore Scola (1980), "L'été prochain" (1985) autre film choral réalisé par Nadine Trintignant ou "Janis et John" de Samuel Benchetrit, sortie après le décès de la comédienne.

Ils ont également partagé la scène : en 1999, ils lisent les Poèmes à Lou de Guillaume Apollinaire dans une mise en scène de Samuel Benchetrit. Ce dernier qui partage alors la vie de la comédienne les mettra à nouveau en scène trois ans plus tard dans une de ses pièces : "Comédie sur un quai de gare".

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