Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération, est mort

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Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération, est mort

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Hubert Germain avait assisté, en novembre 2020 aux Invalides, à l'hommage national pour Daniel Cordier, l'avant-dernier Compagnon de la Libération encore en vie.
Hubert Germain avait assisté, en novembre 2020 aux Invalides, à l'hommage national pour Daniel Cordier, l'avant-dernier Compagnon de la Libération encore en vie.
© AFP - Michel Euler

Dernier Compagnon de la Libération encore en vie jusqu'ici, Hubert Germain, résistant, ancien député et ministre, est décédé à l'âge de 101 ans. La ministre des Armées Florence Parly a annoncé son décès mercredi. Emmanuel Macron présidera une cérémonie le 11 novembre à l'Arc de Triomphe et au Mont Valérien.

Ils étaient 1.038 à avoir obtenu ce titre honorifique. Né le 6 août 1920, le résistant et homme politique Hubert Germain est mort à l’âge de 101 ans. Sa disparition est une page d'Histoire qui se tourne, car il était le dernier Compagnon de la Libération encore envie, depuis le décès de Daniel Cordier en novembre 2020. De fait, il était, depuis, chancelier d'honneur de l'ordre. Engagé parmi les premiers dans les Forces françaises libres (FFL) après l'appel du Général de Gaulle, Hubert Germain avait, après la guerre, pris le chemin de la politique. Ces dernières décennies, il entretenait la mémoire de la Résistance durant la Seconde guerre mondiale.

C'est la ministre des Armées Florence Parly qui a annoncé mardi son décès lors d'une audition devant la commission de la Défense du Sénat : "Je voudrais d'abord vous informer du décès d'Hubert Germain, notre dernier compagnon vivant de la Libération (...) C'est un moment important de notre histoire." L'Élysée annonce que le président Emmanuel Macron présidera la cérémonie d'inhumation d'Hubert Germain le 11 novembre à l'Arc de Triomphe et au Mont Valérien. Auparavant, le chef de l'État lui rendra hommage lors d'une cérémonie qui se déroulera dans les prochains jours aux Invalides. Le président de la République a salué une "figure de proue de la France libre" ayant "incarné un siècle de liberté".

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À réécouter : Nos derniers compagnons
Interception
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Engagé derrière De Gaulle dès 1940

Fils d’un général des troupes coloniales, Hubert Germain se destine à une carrière militaire. À 19 ans, il passe l’examen d’entrée à l’école navale de Bordeaux. Mais nous sommes en juin 40, c'est la débâcle française, face aux Allemands. "À ce moment, les politiques se sont couchés littéralement et ont permis le désastre qui a été le notre", estimait-il. 

Germain a le déclic : pas question d’obéir, il rend copie blanche, embarque à Saint-Jean-de-Luz pour l’Angleterre et rejoindre le général de Gaulle. Ce sera d'abord la Légion étrangère : il combat en Syrie, en Libye (dont la bataille de Bir Hakeim), en Egypte, en Italie. Puis en Provence, pour le débarquement d'août 1944. Viennent ensuite les Vosges et l'Alsace. Il est blessé et décoré par le général de Gaulle fin juin 44, en Italie.

"Quand je suis arrivé sur la plage, j'ai fait dix mètres (...) et j'ai pleuré comme un enfant. J'avais retrouvé mon pays." 

En 2017, Hubert Germain se confie à l'Agence France Presse sur cette opération militaire décisive : "Quand je suis arrivé sur la plage, j'ai fait dix mètres en attendant mes hommes. Mais je n'avais plus de jambes, je suis tombé, en fouillant le sable, j'ai baissé la tête et j'ai pleuré comme un enfant. Pas longtemps, trois ou quatre sanglots et je me suis dit 'Tu n'es pas là pour t'attendrir, la guerre continue'. Mais j'avais retrouvé mon pays." 

Hubert Germain (au centre), en présence du général De Gaulle à Tunis en juin 1943.
Hubert Germain (au centre), en présence du général De Gaulle à Tunis en juin 1943.
© AFP - HANDOUT / MUSÉE DE L’ORDRE DE LA LIBÉRATION /

Hubert Germain ne sera démobilisé qu’en 1946, après avoir été lieutenant au sein des forces françaises d’occupation de l’Allemagne.

Après la guerre, une carrière politique

Profondément gaulliste, Hubert Germain a rapidement embrassé une carrière politique après la guerre. Maire de Saint-Chéron (commune aujourd'hui située dans l'Essonne) pendant 12 ans, il est élu député de Paris pour la première fois en 1962. Il occupera ce siège jusqu'en 1967, puis de nouveau de 1968 à 1972 et, enfin, en 1973. 

Sa carrière est aussi marquée par ses participations aux gouvernements de Jean Messmer, sous le mandat de Georges Pompidou. Comme ministre des Postes et des Télécommunications (de 1972 à 1974) puis comme ministre des Relations avec le Parlement en 1974. 

Hubert Germain alors ministre, à l'Élysée le 12 juillet 1972.
Hubert Germain alors ministre, à l'Élysée le 12 juillet 1972.
© AFP - /

Il reposera au Mont-Valérien

En 2020, lors des commémorations des 80 ans de l'appel du 18-Juin, le premier ministre britannique Boris Johnson avait fait d'Hubert Germain et des trois autres Compagnons encore en vie à l'époque (Edgard Tupët-Thomé, Pierre Simonet, Daniel Cordier) des membres honoraires de l'ordre de l'Empire britannique.

Dernier compagnon vivant, c’est à lui que revient le droit de reposer au Mont-Valérien, le principal lieu d’exécution des résistants pendant la Seconde guerre mondiale. Interrogé il y a une quinzaine d'années, avec les autres survivants des 1.038 Compagnons de la Libération, sur le fait de savoir s'il accepterait, le cas échéant, d'être inhumé dans la crypte du Mont-Valérien, Germain avait répondu par l'affirmative.

Il sera donc inhumé dans le caveau numéro 9, au centre de la crypte du Mémorial de la France combattante, à Suresnes (Hauts-de-Seine), près de Paris. Ce monument au pied de la forteresse du Mont-Valérien avait été érigé en hommage aux Français combattants, résistants et déportés de la Seconde Guerre mondiale. Le Mont-Valérien a été le principal lieu d'exécution de résistants et d'otages par l'armée allemande. 

Il rejoindra ainsi les 16 morts pour la France de 1939 à 1945 qui représentent toutes les formes d'engagement et les différents lieux de combat de la France : 11 militaires (dont deux tirailleurs d'Afrique du Nord, deux tirailleurs d'Afrique noire et trois membres des Forces françaises libres), cinq résistants (dont un FFI du Vercors, un de la résistance indochinoise).  Parmi ces illustres combattants, on peut citer Betty Albrecht, Raymond Anne, Diasso Kal Boutie, Alfred Touny et Renée Lévy.

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